1 mois et 10 jours plus tard...
1 mois et 10 jours que j'ai laissé s'envoler notre étoile. Enfin, je devrais plutôt dire mon étoile.
Depuis, beaucoup de choses, beaucoup trop.
Deux jours après avoir pris les médicaments pour laisser partir mon étoile, la mére de Chéri est décédée.
Ca a été une période très dure pour moi.
J'ai du tenter de réconforter ma belle-soeur et mon beau-père. J'ai vécu avec la peur au ventre pour Chéri. Il prenait la chose vraiment trop bien. Il était et est encore trop dans le soutien à son frère, sa soeur et son père. Je me dis souvent que c'est une façon de ne pas gérer son deuil. Je me trompe peut-être. En tout cas, ça me fait peur pour lui.
Mais, j'ai du m'oublier pour ma belle-famille. J'ai du mettre de côté ce que je ressentais pendant toute la fausse-couche. J'ai du vivre ma fausse-couche toute seule.
Une fausse-couche, ca ne se passe pas comme on l'imagine. Ce n'est pas instantanée. C'est long. Très long. En laissant faire la nature, cela peut durer entre 4 et 6 semaines (dixit le gygy). En prenant le Cytotec, ce n'est pas miraculeux non plus. J'ai du en prendre pendant plus d'une semaine. J'ai vécu plus d'une semaine en ayant des contractions, pas très fortes, certes, mais tout de même. J'ai enterré ma belle-mère avec des contractions. J'ai subi cette douleur injuste, cette douleur pour me débarasser d'un petit embryon que j'aurais tellement aimé porter pendant 9 mois. Cette douleur me rappelant que tout était fini pour mon étoile.
Et puis, il y a l'après...
Notre Trésor et ma DPP avait effacé beaucoup de la complicité que nous avions avant avec Chéri. Cette complicité que je voulais retrouver.
La fausse-couche a, je pense, définitivement brisé quelque chose entre nous.
Cela a fait resurgir ces mots qu'il m'a dit alors que nous venions de savoir que j'étais enceinte. Ces mots qui m'ont fait souffrir. Ces mots qui signifiait pour moi qu'il ne voulait finalement pas trop de notre étoile. Il a exprimé qu'il se sentait piégé par la situation, qu'il était sûr que je ne tomberai pas enceinte aussi "vite", qu'il était sûr que je tomberai enceinte seulement quand "j'irai mieux"...
Cela me fait culpabiliser. Je me dis que j'ai empeché mon étoile de grandir pour sortir Chéri de cette situation piège dans laquelle je l'avais mis.
Cela fait apparaître des différences profondes entre nous. Lui ne considére mon étoile que comme un amas de cellule avec des defauts génétiques majeurs. C'est tout, rien de plus. Mais pour moi, c'est beaucoup plus. C'était déjà mon bébé. J'avais déjà imaginé tellement de choses en si peu de temps! Pour moi, il faisait déjà parti de moi, de ma petite famille. Pour moi, il fait toujours et fera toujours parti de ma famille. Même si sur notre livret de famille, il n'y a pas de second enfant, pour moi, il y a mon étoile. Et Chéri ne comprend pas cela.
Cela fait ressortir ma solitude. Les circonstances ont fait que j'ai été seule à gérer ma fausse-couche. J'ai été seule face à mes médicaments, j'ai été seule lors du RDV de contrôle, j'ai été seule avec ma douleur physique et psychologique. Personne pour m'épauler et devoir garder le cap, rester forte pour les autres. Garder pour moi des choses bien trop lourdes.
Cela fait ressortir mes doutes par rapport à l'envie de Chéri d'avoir un autre enfant. Il ne veut pas d'autre enfant sans que je lui dise qu'on sera heureux à 4. Il ne veut pas risquer d'être malheureux à 4 et préfére être heureux à 3. De mon côté, je ne peux pas lui dire ça. Dans ma vision des choses, ce serait malhonnête de dire. Toute ma volonté et tous mes efforts ne peuvent absolument pas garantir cela. Je ne veux pas mentir, je ne veux pas faire croire à Chéri des choses tellement incertaines.
Cela fait apparaitre des remarques visant à montrer que je ne suis pas prête pour avoir un autre enfant. Notre Trèsor commençant son terrible two, il y a des moments où je perds patience. Si j'en fait part à Chéri, la réponse est toute trouvée : "Qu'est-ce que ce serait avec 2!". Ensuite, il y a les moments où il ne me laisse pas gérer notre Trésor. Notre Trésor m'appelle et il répond et s'occupe de lui alors que j'allais et j'avais envie de m'occuper de lui. (Mais bon, par contre, la nuit, il faut pas se leurrer, c'est pour moi!)
Cela fait apparaître de l'indifférence par rapport à ce que je ressens. Que les remarques par rapport à un autre enfant me blesse, ce n'est pas grave puisqu'il ne le disait pas dans ce sens là. Que je sois triste de la fausse-couche, c'est vraiment dommage de se gacher la vie pour ça, il y a bien pire et puis on recommencera. Que voir des gros ventres et entendre des annonces de grossesses me fait mal, ce n'est pas grave, cela prouve que cela marche, même pour ceux qui avait des problèmes. Que le RDC me replonge dans ma fausse-couche, là, pas de commentaires. Soit il ne l'a pas envisagé et/ou se soucie peu de moi, soit n'aborde surtout pas le sujet pour ne pas s'engager sur des terrains glissants.
Aujourd'hui, 1 mois et 10 jours après...
Mon RDC est bien là.
Mon couple va à vau-l'eau.
Je suis complétement perdue. Je ne sais pas dans quel chemin m'engager.
Peut-être l'urgent est-il d'attendre pour prendre toute décision?
Peut-être les événements que nous avons subi nous ont mis dans des peines différentes et des priorités différentes?
Oui, Chéri subit une épreuve de la vie difficile mais je ne suis pas capable de l'aider.